Convaincre lors de nos prises de parole est souvent un but.
Je partage avec vous spontanément l’écriture de cet article, car j’ai pu observer hier soir, lors d’une réunion-conférence m’a littéralement interpellée.
Prendre la parole…
Cela m’a permis de m’apercevoir d’une chose…
On prône ici et là à tour de bras, des encouragements, des conseils et des techniques pour oser prendre la parole en public…
Des conseils pour que vos prises de parole soient convaincantes, efficaces et efficientes… etc…etc… Soit!
Toutefois, comment faire, quand, dans la posture d’orateur, se trouve celui qui ose tellement qu’il prend TOUTE la place ???
Celui qui prend tellement la parole qu’il ne la rend pas !?!?!?
Et mon but, avec ce nouvel article est d’écrire sur ces orateurs là! Parler de ceux qui, quand on leur donne la parole ne la rendent plus!
C’est passionnant à observer et tellement “drôle” en tant que simple spectateur. Cela peut pourtant devenir bien compliqué quand il s’agit d’un orateur hiérarchique qui impose sa présence dominante auprès de ses collaborateurs dans une réunion d’entreprise! Je crois que c’est un vrai sujet !
Vous en connaissez peut-être ?
Cependant, si cela arrive au cours d’une réunion professionnelle essentielle pour les participants où le collaboratif et l’écoute mutuelle sont nécessaires… Que faire?
J’espère que vous partagerez mon choix, par délicatesse, discrétion et déontologie, de taire, dans cet article, le nom du lieu, le nom des organisateurs et celui de l’orateur concerné.
Par un souci de clarté et de compréhension, je vous propose de désigner cet orateur exubérant sous le nom de “Monsieur M.”.
Prendre la parole… Et ne plus la rendre!
J’avoue que c’est une expérience à vivre…
Le statut de Monsieur M. justifie t-il cette attitude?
La posture professionnelle de l’orateur implique t-elle de la soumission passive de la part des écoutants?
A part un besoin chatouillant et irrépressible de satisfaire son ego, que peut justifier un tel comportement en dehors de la réalité collective qui est en train de se déroulée???
Dans l’auditoire, c’était comme si nous avions la désagréable sensation – l’espace d’un bref instant – d’être pris en otage… “Otage auditif”!.
Et d’ailleurs, c’est intéressant d’observer dans ces cas là, les réactions “non-verbales” des écoutants dans l’auditoire : ça commence par quelques discussions ici et là, à voix basses, puis, ces micro-discussions se répandent, on entend des voix plus fortes, l’auditoire s’agite et tout à coups, une question puis deux arrivent à être posée à cet orateur si peu à l’écoute qu’il n’y répondra jamais!
C’est ainsi que les personnes présentes, sans qu’ elles-mêmes ne s’en rendent compte, expriment avec leurs corps, leur désaccord ou leur impatience.
Je suis sure que cet orateur en question ne s’est rendu compte de rien… Mais alors de rien du tout de ce qu’il se passait autour de lui, tant il était dans sa bulle égocentrique! Nous avons vécu 2 réunions-débats parallèles… La sienne ET la nôtre :-/
Que faire dans ces cas-là? Qui va oser dire STOP ou réorienter le débat et comment le dire ?!
Cas pratique !
J’aurais pu appeler cet article “l’art de ne pas écouter les questions” ou “l’art de feindre de ne pas avoir entendu” ou encore “L’art et la manière de garder la parole et ne plus la lâcher”…
Bref, vous aurez compris, j’ai assisté à un beau “festival” du contre-emploi de la prise de parole en public, de son intérêt autant que de son impact.
Le contexte
C’était une réunion-conférence sur le thème “Quels sont les financements possibles pour la création d’entreprises hors le système bancaire?”. Et il y avait là des invités et un public. Le principe sympathique de ces réunions-conférences est qu’il n’y a pas d’intervenants précis? Ce sont toutes les personnes présentes, avec leurs témoignages ou leurs expertises qui alimentent le débat. Il y a, en toile de fond, les organisateurs qui régulent et recentrent le débat lorsque cela est nécessaire. Et ce soir là, le recentrage fût souvent nécessaire!
L’histoire
D’emblée, un des invités (qui était cadre sup dans une banque importante – s’est levé pour prendre la parole, sans micro pour commencer, avec un “paraverbal” surprenant : Il n’ouvrait pas la bouche et parlait très vite. Donc il n’était pas très audible ni intelligible. Et là, je vous garanti que très rapidement je ne fus pas la seule à le remarquer!
Pour commencer, je me suis dit que ce monsieur avait fait ce choix car il avait prévu d’être laconique… Et bien, que nenni ! Il a pris la place, toute la place et en toute aisance déroulait son parcours au sein des différentes banques dans lesquelles il avait travaillé – ne manquant aucun aparté pour glisser des sortes de traits d’humour ne faisant rire que lui – et de digressions en digressions, il parlait de lui, de lui, de lui… Et un peu de lui aussi!
Au bout de 20 min, on lui apporte un micro. Polis, certains parmi l’auditoire, profitent de cette coupure pour caser leurs questions qui restent, dans l’immédiat sans réponses et qui ne font que donner de l’eau supplémentaire au moulin à parole de ce monsieur.
Ses grands gestes, une fois sur deux, rapprochaient le micro plus proche de la bouche du voisin que de lui-même. Bien sûr, quelques tentatives courtoises de recentrage du débat furent effectuée par les organisateurs, mais en vain. Sur 2h de timing total de cette réunion-débat, ce monsieur à du, en tout et pour tout, avec tout de même quelques brefs temps d’interventions de ses pairs, garder la parole près d’une heure à lui tout seul!
Alors que nous étions une cinquantaine de présents.
La conclusion de la prestation de Monsieur M.
Monsieur M., avec son attitude, n’a gagné qu’une seule chose… Celle de ne plus être, très rapidement, écouté par le public. Ce qui est intéressant et quasiment systématique, dans la prise de parole en public – comme dans la vente d’ailleurs – le public fait miroir avec l’orateur. Si l’orateur est meut par une énergie de partage de ses connaissances, avec une écoute bienveillante de son public et de ses réactions, le public sera vigilant et à l’écoute également.
Si l’orateur est un bel exemplaire de “T.P.M.G.”, comme ce Monsieur M., et n’est là que pour se satisfaire de l’écoute de la narration de son propre parcours, la crédibilité, l’écoute, le charisme et la conviction… ne seront pas au rendez-vous! Et le public décrochera… Si éminent soit l’orateur.
Que peut-on en tirer comme leçon pour “convaincre” ?
1- Parler vite, pourquoi ?
Je vous recommande fortement de travailler votre articulation régulièrement pour être totalement intelligible en toute circonstance.
Nous avons tous à portée de main, des acteurs qui sont passés par le théâtre et, qui ont appris à développer une articulation et une élocution parfaite : Cf Fabrice Lucchini par exemple.
Et à contrario, nous pouvons également voir évoluer au cinéma, des acteurs ou actrice – Cf Vincent Lindon par exemple – qui ne sont pas passer par l’apprentissage des plateaux de théâtre, et dont l’articulation est inexistante. Ils n’ont jamais, dans leur cursus de formation, passé des heures entières à muscler leurs “labiales”, de façon à avoir définitivement une articulation nette et intelligible. C’est pourtant, un passage obligé dans la formation du comédien de théâtre.
A NOTER : le muscle labial ou orbiculaire des lèvres, est un muscle ovalaire placé autour de l’ouverture de la bouche, dans l’épaisseur des lèvres. Nous en avons un très grand nombre autour des lèvres. Plus ils seront musclés, plus nos propos sont clairs et compréhensibles.
Toutefois, malgré tout, il peut arriver que l’on parle vite et que l’on n’articule pas pour plusieurs raisons:
- Parce que l’on a le trac,
- Parce que l’on ne s’en rend pas compte,
- ou parce que l’on est tellement égocentré que l’on ne se rend pas compte que l’auditoire ne comprend pas!
Parler vite demande une articulation particulièrement parfaite ! Le but est de constamment permettre aux auditeurs de comprendre le message verbal, a fortiori si notre objectif est de le convaincre avec notre prise de parole.
En même temps, il est clair que de s’écouter parler n’est pas très porteur de sens, à fortiori en public.
En revanche, il est nécessaire de trouver le juste équilibre et d’être capable d’avoir fait un travail sur soi, en amont des prises de parole en public . Etre passer par ce temps de conscience de soi, pour mettre en exergue nos points forts et nos points à améliorer sur son rythme de parole ET d’articulation est primordial pour tout orateur !
Parce que vient se poser ici , comme une évidence, la question ESSENTIELLE de savoir à qui on parle quand on prend la parole en public ?…
A qui s’adresse t-on EN RÉALITÉ ?
L’orateur est là pour se gargariser de ses belles paroles et flatter son ego? Ou il est réellement là pour faire passer un message et échange avec le public présent pour faire avancer le sujet ?
Les 2 sont possibles ! A vous de voir ce qui sera le plus convaincant pour l’assemblée d’écoutants que vous avez en face de vous.
2- Évincer les questions… Pourquoi?
On ne peut, ou ne veut, pas répondre à ses interlocuteurs :
- Parce que l’on veut finir ce que l’on a à dire (avec un petit peu de mal à lâcher-prise, faut bien le dire),
- Parce que l’on ne connait pas la réponse (et que l’on ne souhaite pas le signifier),
- Ou encore parce que, en réalité, on n’a pas écouté la question.
Il est important d’être à l’aise avec les questions ou les réactions de son auditoire. Pour vous y aider, je vous suggère d’établir les règles “du jeu” au départ:
- Soit vous préférez exposer tout votre point de vue, avant de laisser un temps de questions/réponses à la fin de votre allocution.
- Soit vous proposez une dynamique d’interaction avec l’auditoire tout au long de votre intervention.
Mais vous devrez choisir et informer votre public, afin que chacun puisse agir en connaissance de cause.
3- L’art de tenir un micro!
Tu veux qu’on en parle?
Si vous ne pouvez pas faire autrement que d’avoir un micro HF à tenir à la main (bien que je vous conseille autant que possible d’utiliser un “micro-casque” ou un “micro-cravate”), je vous conseille de le manier comme s’il était une partie de vous-même. Vous éviterez ainsi de faire comme Monsieur M. et d’avoir le micro plus souvent près de la bouche du voisin que de la sienne, tellement il ne contenait pas ses gestes du côté de la main qui tenait le micro.
Le but n’est pas de laisser bouger son micro au bout de sa main, de manière intempestive, tel un drapeau en pleine tramontane…
Si vous n’êtes pas très à l’aise avec l’usage d’un micro, je vous suggère de le “caler” sur votre menton d’une main que vous ne ne bougerez plus. (De cette manière vous n’aurez plus besoin de vous en préoccuper). Ainsi, si vous ressentez le besoin de faire des gestes pour souligner vos propos, et rendre votre intervention plus dynamique, vous pourrez faire vos mouvements avec l’autre bras.
Vous serez ainsi très bien entendu, dynamique et bien présent.
De mon côté,
Cette expérience m’a donné l’idée d’écrire une série d’articles sur les “secrets des grands orateurs”, pour partager avec vous quelques conseils avisés et constructifs sur des prises de paroles en public réussies.
Pour ne pas passer à côté d’un article qui pourrait vous intéresser…
Si vous avez aimé cet article, ayez la “Humain Digital Attitude” en le partageant!
Merci d’avoir lu jusque là!
A bientôt,
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